Nombreux sont les fans à être déçus à ce qu’Hermione figure de droiture morale et d’esprit ne termine pas en couple avec Harry Potter qui est, de fait, le héros de la saga…
Hermione incarne une véritable héroïne des temps modernes : elle joue un rôle actif et est pour Harry une sorte de sœur d’armes.
Elle ne compromet pas son statut intellectuel, n’a pas à agir comme une gourde, elle est peut-être même plus habile et puissante que Harry Potter (elle lui sauve d’ailleurs la vie à plusieurs reprises), sans pour autant avoir à jouer « la garçon manquée » (bien qu’elle soit une fille au sein d’un groupe de garçons elle ne renie jamais son identité).
Hermione et Harry partagent une amitié solide basée sur la confiance, font preuve d’un intérêt particulier sur la sécurité et le bien-être de l’autre. Au point qu’il est commun dans leur entourage de les soupçonner d’être attiré l’un de l’autre, même Viktor Krum, star du Quidditch international et leur ainé, qui dès son arrivée à Poudlard pourtant suivi par des dizaines de filles gloussant derrière lui, va le considérer comme un rival.
Harry et Hermione sont deux acolytes, à l’interaction physique grandissante, ce qui constitue une base solide pour une relation amoureuse sans compter l’effet d’exposition, un biais cognitif qui accroît un sentiment positif envers une personne ou un objet à mesure que celui-ci nous est familier. S’il y avait eu une volonté manifeste de part de l’auteure de rejoindre une issue les menant à être en couple, une grande partie du public n’en aurait pas été indisposé ou froissé.
Dans une entrevue J.K Rowling a avoué sa propre ressemblance avec son personnage. Peut-être est-ce la cause de son changement d’avis de reconnaître finalement « avoir fait une erreur » quant au mariage d’Hermione et de Ron et qu’Hermione et Harry aurait pu représenter un couple plus réaliste. A moins que ce soit la récurrence des fans, notamment des films, à lui en vouloir.
L’interprète du personnage, Emma Watson, concorde avec l’auteure que « Harry et Hermione étaient complices comme peuvent l’être un frère et une sœur » mais qu’Hermione et Harry auraient pu faire « un bien meilleur couple ».
Pourtant, je trouve qu’il est résolument cohérent que ce couple ne survienne pas et je vais vous en expliquer la raison dans cet article.
Que ce soit J.K Rowling ou Mme. Watson, elles doivent inconsciemment avoir à l’esprit une particularité de la psychologie sociale à propos de l’attraction interpersonnelle (également connu sous le nom d’hypothèse d’appariement ou de correspondance, « matching hypothesis » dans sa version originale) : une personne qui se considère attirante est plus susceptible de chercher un ou une semblable.
En effet différentes études plaident en faveur de l’idée qu’une personne a plus de chance de réussir une relation de long terme avec une personne qui est tout aussi désirable qu’elle. Par exemple, une méta-analyse de Feingold (1988) a montré une forte corrélation entre les évaluations d'attractivité des partenaires dans les couples, soutenant l'idée que les gens choisissent souvent des partenaires ayant un niveau d'attractivité similaire au leur.
Néanmoins, même avec cette hypothèse, il ne faut pas occulter le fait que les attentes de partenaire sont généralement ajustées en fonction de ce chacun suppose pouvoir offrir aux autres : dans un couple assorti chacun se considère généralement du même niveau d’attractivité même si ce n’est pas intentionnel ni les mêmes caractéristiques. De plus, plusieurs études et théories en psychologie sociale confirment que des similitudes dans les valeurs, les croyances et les attitudes renforcent la satisfaction et la stabilité relationnelle.
À noter tout de même que la similitude de l’attractivité physique (si vous considérez qu’Hermione et Ron ne vont pas de pair) joue un rôle dans l’attirance de départ (la beauté attire l’attention et forge les premières impressions) mais bien moins dans l’évolution et la stabilité d’un couple.
Alors demandons-nous…
Est-ce simplement pour proposer une héroïne contemporaine qu’Hermione se trouve être indispensable au héros sans être sa fiancée ou son faire-valoir afin de permettre d’expérimenter le pouvoir d’action des femmes ? Hermione finira tout de même par occuper le poste de ministre de la magie dans la pièce de théâtre officielle ce qui correspond à la plus haute fonction de l’univers d’Harry Potter.
Ron Weasley finit-il avec Hermione Granger, quant à Harry Potter avec Ginny Weasley, uniquement dans le but de permettre que des liens familiaux réunissent le trio légendaire ?
Ou bien simplement pour éviter le cheminement classique de la figure féminine centrale terminant avec le personnage masculin principal (une intrigue sans surprise) ?
Au premier abord, nous pouvons effectivement nous étonner qu’Harry ne s’éprend jamais d’Hermione, elle a prouvé tout au long de son parcours sa sensibilité, son sens de la répartie, son grand cœur (notamment son attachement aux elfes de maison et défendre leurs droits), elle a des facultés à éclaircir les émotions des autres (comme aider Harry à comprendre les humeurs de Cho Chang), courageuse, a soutenu psychologiquement Harry, est brillante, ravissante, alors pourquoi n’aurait-il pas voulu d’elle ?
Cependant… il est important de se rendre compte d’une chose : nous la voyons, notamment dans les films où les années défilent à toute allure, avec nos propres yeux, nos propres opinions, notre propre ressenti.
Ce qui nous amène à la particularité des livres : normalement nous sommes censés percevoir le monde sous les yeux (et la subjectivité) de Harry Potter…
Dans les livres, Hermione ne déplaît naturellement pas à Harry mais ne se pose jamais la question de la vie sentimentale d’Hermione ou d’un quelconque attachement romantique.
Au commencement, elle a tenté régulièrement d’empêcher Harry et Ron d’enfreindre le règlement de Poudlard, ce qui a dans un premier temps attiré leur antipathie. Hermione est, des dires même de l’auteure, quelqu’un d’assez angoissée qui masque cette angoisse en cherchant à s’imposer.
Durant sa première rencontre, elle apparaît à Harry autoritaire et très sûre d’elle, souhaitant démontrer l’étendue de ses connaissances, sa tentative d’être la « meilleure » la fait paraître désagréable et suffisante alors que, à mon humble avis, il s’agit d’une tentative maladroite d’intégration puisqu’elle n’a aucun proche appartenant au monde magique étant née de parents moldus (sans pouvoirs magiques). Elle est décrite comme plutôt solitaire, ne vit que pour la lecture et le travail et est émotive (pleurer tout un après-midi, etc.).
Or, Harry, dans les livres, rencontre des difficultés à gérer les émotions des autres. Plus encore, il évite les disputes, les discussions sérieuses (qui ne concernent pas Voldemort) ou le tragique.
Étant donné le caractère autoritaire d’Hermione, son caractère parfois difficile et son sens de l’humour limité, prenant les choses trop à cœur, Harry n’a pas pu l’identifier comme une compagne potentielle.
En grandissant, bien qu’au contact de ses deux amis Hermione ait évolué (de mademoiselle je-sais-tout à Hermione l’imbattable, généreuse et guerrière), Harry a dû continuer à la percevoir comme une sœur, renforcé par le fait que ce n’est pas son type de femme.
En effet, Harry semble attiré par des filles spontanément tournées vers les autres, jolies (à son goût), c’est-à-dire athlétiques et qui aiment le Quidditch comme lui (Ginny deviendra journaliste sportive).
Pourquoi Harry et Cho Chang cela n’a pas pu fonctionner ? Il ne souhaitait pas qu’on le ramène sans cesse à ses malheurs (Harry est un homme brisé). Cho qui pleure le décès de Cédric alors qu’Harry ressent une profonde culpabilité vis-à-vis de sa mort, n’a plus de parents, a vécu dans une famille qui l’a malmené (les Dursley), a vécu dans un placard, se sous-estime (a la sensation de dépendre de la chance et du talent des autres), plein de traumas et dort la nuit en ayant conscience que le sorcier le plus dangereux de tous les temps veut sa peau et se rapproche chaque jour de son but.
Reposons-nous donc la question vis-à-vis d’Hermione, aurait-on pu vraiment considérer Harry, qui certes est un sorcier en voie de marquer son temps, vivre avec une sorcière brillante mais qu’il aperçoit dans son souvenir comme quelqu’un qui prend tout au sérieux ?
Ron est l’oxygène du trio : optimiste, léger, plein d’humour. Tout en étant, comme ses deux amis, courageux et loyal.
De plus, Ron est celui qui fait passer de bons moments à Hermione et lui offre des occasions de se détendre... elle a beaucoup à apprendre de Ron (or quelle est l’activité favorite d’Hermione ?).
On pourrait croire que Ron est la cinquième roue du carrosse… Harry est l’élu, Hermione la plus brillante de son âge, mais c’est Ron la colle et l’âme du trio.
En fait, quand on y pense, chacun des trois s’envisage comme l’ami gênant. Hermione se rend bien compte qu’Harry et Ron ont plus en commun et préfèrent passer du temps ensemble, Harry quant à lui doit souvent réaliser des actions seul et ne souhaite pas mettre en danger ses deux amis qu’il considère comme sa famille proche.
Ron, involontairement, est celui qui amène Hermione à donner le meilleur d’elle-même et a le plus d’échanges avec elle. C’est celui qui se préoccupe le plus de ses sentiments et si elle va bien.
Or, rappelez-vous, l’effet d’exposition accroît l’attraction c’est-à-dire que le simple fait d’être exposé à un stimulus familier rend ledit objet ou personne plus attrayant. Pour cette raison, les entreprises utilisent des éléments récurrents comme une mascotte, un jingle ou un slogan pour créer une impression durable et familière. Lorsque nous sommes exposés à un stimulus de manière répétée, l'incertitude associée à ce stimulus diminue. Moins d'incertitude conduit à plus de confort et donc à une plus grande attractivité.
Dans le contexte des relations humaines, être fréquemment en contact avec une personne peut renforcer les sentiments positifs envers cette personne. C'est pourquoi des collègues de travail, des camarades de classe ou des voisins peuvent devenir des amis proches ou des partenaires amoureux au fil du temps. Le contact répété engendre des sentiments positifs tel que l’affection… cependant attention à ne pas déformer cette analyse de la psychologie humaine (notamment formulée par les travaux du psychologue Robert B. Zajonc (enseignant chercheur à Stanford) et ses collègues). À l’inverse, la proximité peut devenir une source d’hostilité si certaines règles ne sont pas respectées (par exemple, deux individus, s’ils interagissent négativement, le fait d’être proche l’un de l’autre, ne fera qu’augmenter l’hostilité), ce qui n’est pas le cas de Ron et Hermione !
À remarquer aussi que Ron est un héros de l’ombre, montré dans l’adaptation cinématographique de la saga littéraire un peu le bouffon de service du trio, niais et parfois trouillard.
C’est avant tout un ami honnête et bienveillant, perspicace, qui oui détend l’atmosphère… mais pour rire avec lui et non pas de lui.
La maison Gryffondor se caractérise par le courage, ce n'est pas un hasard que Ron s’y trouve.
Au passage Hermione serait probablement restée pédante et froide si elle n’avait pas été envoyée chez Gryffondor : les qualités valorisées par une maison sont visiblement déterminantes dans l’évolution des élèves d’où probablement son envoi à Gryffondor et non à Serdaigle où l’intelligence y est pourtant de mise (le chapeau ayant hésité dans le cas d’Hermione entre les deux).
Quant à Harry et Ginny, ils sont complices avec un respect mutuel, c’est naturellement pour Harry Potter chez Ginny Weasly qu’il trouvera le plus de satisfactions.
Ajoutons, du point de vue de l'intrigue, le fait que les parents de Ron et Ginny sont une sorte de parents de substitution pour Harry et que c’est un moyen pour lui de faire intégralement partie de la famille. La mère Weasley aide le petit garçon à passer le mur magique du quai 9 3/4, affection qui ne va cesser de croître au fil des années. Cadeaux de Noël, repas et promenades "en famille", petites attentions... Harry est un sans famille et qui est à la recherche d’un cadre stable.
Le rapprochement entre Harry et Ginny tient aussi de ces hasards de l’existence (ou du moins de ces moments de déclics), au début du film, il tombe sous le charme d’une serveuse mais le rendez-vous fixé ne pourra pas avoir lieu étant donné qu’il doit rejoindre Dumbledore.
Il finira par être laissé chez les Weasley et aperçoit Ginny… et se rend compte que la petite Ginny est devenue une femme qui lui plaît (révélation soudaine et libératrice, après tout le désir est avant tout une excitation chimique spontanée).
Ainsi à ces caractéristiques clés d’une relation saine (valeurs, personnalité), à cela s’ajoute l’attirance sexuelle, durant sa cinquième année à Poudlard, Harry décrit ses sentiments envers Ginny comme une « créature dans sa poitrine » qui rugit de rage ou de désir quand il s’imagine l’embrasser… synonyme de ses instincts les plus primaires.
Quant à Ginny, pourquoi Harry lui plaît ? Rien de sorcier là-dedans… Ils se connaissent depuis longtemps, s’apprécient. Ginny a été attirée par Harry dès le début, rougissant facilement et devenant maladroite en sa présence avant de prendre de l'assurance et de l'indépendance au fil des romans. Elle montre également un fort caractère et a tendance à vouloir s'imposer face à l'autorité.
« Ginny. C'est vraiment bizarre qu'elle soit si timide, d'habitude, on n'arrive pas à la faire taire. »
Commençons par des détails, Harry Potter est (l’ultime ?) célébrité dans le monde des sorciers (« le garçon qui a survécu ») : le nourrisson qui a survécu au sort de la Mort lancé par Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le Nom lui-même !
Au point d’être reconnu par Ron dès qu'il a vu sa cicatrice. Il était admiré, et même certains profs rencontraient des difficultés à demeurer neutres.
Lorsque le célèbre auteur Gilderoy Lockhart (escroc qui s’attribue les mérites d’autres sorciers) pour asseoir sa propre notoriété se fait photographier au côté de Harry comme si c’était un proche et lui offre sa collection complète de ses ouvrages (qu’Harry donnera à… Ginny, n’aimant pas la couverture médiatique apportée par l’écrivain et considérant qu’il peut se le payer lui-même) montre bien qu’Harry Potter est quelqu’un de particulièrement renommé.
Malgré la polémique, Harry se trouve être le gagnant de la coupe des trois sorciers (offrant une « gloire éternelle »).
Par la suite il est considéré l’ennemi numéro 1 durant l’occupation ! Le visage de la résistance ! Son simple nom rallie les espoirs.
Un parcours exceptionnel, au point que la fortune dont il a hérité (à noter qu’Harry Potter est pourtant probablement moins riche que l’acteur qui joue son rôle et encore moins de J.K Rowling qui se trouve être deux fois plus riche que la Reine Elisabeth II...) paraît particulièrement anecdotique de même que son talent pour concocter des potions (il devient meilleur potionniste qu’Hermione) semble là aussi tout à fait secondaire.
Ginny, qui dès le départ ressentait une immense admiration pour Harry, tout de même éprise de lui dès la première année, n’était pas prête de changer d’avis.
Je suspecte qu’à l’origine, c'était un émerveillement plutôt naïf, cependant lorsque Harry lui a sauvé la vie (ce qui est tout de même à signaler…), s’est montré au quotidien quelqu’un qui fait preuve de bonté, dévoué et un homme d’action, c’est là qu’il l'a réellement séduite.
Ginny est aimante, une femme énergétique, drôle et attirante, la communication est facile entre eux et ils se comprennent, la notion de famille importe chez Harry et il doit sentir que Ginny va chercher le bien de sa famille.
Harry et Ginny ont des caractères assez semblables et se sentent heureux ensemble (similitude des attitudes ce qui est un facteur déterminant dans l’établissement et le maintien d’une relation) tandis qu’Hermione et Ron se complètent (complémentarité des traits de personnalité et des besoins).
Harry ressentait vivement le besoin de sérénité, une conséquence naturelle des épreuves qu'il avait endurées durant son enfance tumultueuse. Il recherchait une partenaire facile à vivre, décontractée mais aussi enjouée et dynamique, capable d'apporter un équilibre léger et joyeux à sa vie.
Ainsi, rien de plus normal qu’Harry tombe amoureux de la jeune Weasley : Harry trouve de l’humour et de la joie dans sa vie (et accessoirement finalise son entrée dans la famille Weasley).
Quant à Hermione et Ron, ils ont un vécu commun riche (des épreuves et des aventures), un même regard porté sur Harry (qui est tout de même une célébrité dans le monde des sorciers tandis que pour eux il s’agit avant tout de leur meilleur ami), Hermione et Ron savent pertinemment qu’ils peuvent compter et avoir confiance en l’un et l’autre et sont prêts à tout pour se protéger et s’entraider.
D’un point de vue littéraire, ces deux unions permettent de manifester un certain sentiment d’idéal et de sentimentalité (de romanesque) en effet un bénéfice supplémentaire qui édulcore l’ensemble c’est que les enfants du trio seront cousins avec comme pilier la famille Weasley (au grand complet) qui a accueilli et été attentionné aussi bien auprès d’Harry qu’Hermione.
De sorte qu’on peut aisément imaginer des repas de Noël 🎄 où ils seront tous les trois réunis... comme membres d’une même famille : Harry et Hermione qui sont comme frère et sœur, ayant tous deux pour origine le monde des moldus, auprès de parents de substitution au sein de ce monde magique, avec à leurs côtés Ginny et Ron Weasley.
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